
18e des 24 Heures du Mans : Tecmas-BMW, l’art des folles remontées
L’écurie Tecmas-BMW serait-elle en passe de devenir la reine des folles remontées en endurance ? Rappelez-vous ! Lors du dernier Bol d’Or au Paul-Ricard, un problème de sélecteur de vitesses avait plongé la BMW n°88 dans les profondeurs du classement. L’équipe, du boss au mécano stagiaire en passant par les pilotes (Platet-Hedelin-Rambure), sut réagir de la plus belle façon pour aller chercher une superbe 15e place au scratch et ses premiers points en championnat du monde.
Ce week-end au Mans, on a vécu un scenario assez semblable. Dès les essais, on a senti que ça ne serait pas simple. « Le temps était exécrable. Froid, pluie et même grésil. Il était impossible de monter les pneus en température. Comme la semaine précédente lors des journées tests. Cela a entraîné des chutes et à chaque fois du boulot sur la moto pour l’équipe. Sans compter que les pilotes n’étaient pas très rassurés. Sur le sec et en mixte, les Pirelli sont les meilleures gommes du plateau, mais en dessous de 8/10°, et sur le mouillé… On a plus de mal » pestait le boss, Michel Augizeau.

Dominique Platet forfait
Conséquence : une 41e place sur la grille (sur 57 concurrents), forcément décevante. Et la décision inattendue de Dominique Platet de ne pas prendre le départ. « Une décision pleine de sagesse et je l’ai conforté dans ce sens. Dominique a très peu roulé sous la pluie et des conditions aussi difficiles. Il avait chuté aux essais et il ne le sentait pas. Il était préférable de faire l’impasse sur cette course au risque de se dégoûter à jamais du pilotage. Mais il reviendra » rassurait Augizeau.
Nicolas Sénéchal, jusqu’alors pilote de remplacement, était appelé à la rescousse. Et il fit correctement le job malgré la pression. Son objectif était d’abord de ne pas tomber… Ce qu’il n’a pourtant pu éviter sans que sa responsabilité soit directement engagée. Avant cela, Camille Hedelin nous avait gratifiés d’un début de course ébouriffant puisque lors de son double relais (pneus pluies puis intermediaires), il était passé de la 41e à la 9e place ! Incroyable. Clive Rambure enchaînait sur un bon rythme avant de laisser le guidon à Nicolas Sénéchal. A cet instant, l’équipe était tout à fait dans les objectifs fixés par le boss : terminer dans le Top 15. « Sur une piste plutôt fraîche et humide, on avait fait le choix très rapidement, et nous étions la première écurie à l’avoir fait, de passer des Pirelli Wet (intermédiaires) qui se sont avérés très efficaces, et ça a payé » expliquait, la voix cassée mais heureux de son coup, Romain La Monica, l’ingénieur Tecmas.
Un bug électronique affectant l’ABS
C’est après que les problèmes ont surgi ; un bug électronique ayant entraîné un mauvais fonctionnement de l’ABS. Au freinage du Chemin aux Bœufs, Nicolas Sénéchal était surpris et ne pouvait éviter la chute. Il ramenait néanmoins la moto au stand pour repartir en 53e position. « Nous n’avions jamais été confrontés à ce genre de problème. Jusqu’ici, l’ABS avait toujours fonctionné de manière exceptionnelle et le freinage était vraiment excellent. Mais là, la moto est très délicate à piloter. De plus, la chute a causé quelques dommages» expliquait Michel Augizeau. «Mais il n’était pas question de continuer la course dans ces conditions. On voulait au moins que les pilotes prennent du plaisir sur la moto. On a, certes, perdu beaucoup de temps dans le stand, mais on a fini par résoudre le problème avec l’aide d’un technicien de BMW Allemagne du Team Penz13, celui de Kenny Foray… » renchérissait Romain La Monica. Comme quoi la synergie entre les deux teams BMW a bien fonctionné…
En attendant, la BMW aux couleurs de Tecmas avait glissé dans les profondeurs du classement, avant d’entamer une folle course-poursuite. Dans les stands comme sur la piste, tout le monde fit le job à la perfection. « Je suis vraiment fier des gars mais quand même un peu frustré. Nous avions le potentiel pour être dans le Top 10, mais … » regrettait néanmoins le boss.
Une folle remontée…
51e après la quatrième heure de course, la n°88 était pointée en 33e position à la mi-course. Dans la nuit glaciale du Mans, elle avait encore gagné dix places à l’heure du petit-déj’ (23e à 9 heures du matin). Le Top 20 était possible, à condition de se cracher dans pognes... 19e à midi, 20e à deux heures de l’arrivée, la moto Tecmas-BMW était encore 19e à une heure du drapeau à damier. Et une fois de plus, chez Tecmas, on fit le bon choix de pneus. « Il fallait reprendre un tour au concurrent juste devant nous pour aller chercher la 18e place. On a rechaussé les pneus Wet et ça a payé » se réjouissait Romain La Monica. Camille Hédelin, déchaîné malgré la fatigue, fit le reste.
18e ! Etant donné les circonstances, c’est quand même un sacré bon résultat avec, en prime, trois points inscrits au championnat du monde. Un réel encouragement avant les 12 Heures de Portimao, au Portugal, début Juin. Et en Algarve, la météo devrait être bien plus clémente qu’au Mans…
Kenny Foray, de la pôle à l’abandon



Pilote Tecmas-BMW en championnat de France Superbike, on a bien sûr suivi de près la course de Kenny Foray. Au guidon de la BMW officielle du team Penz 13, avec Mathieu Gines et Lukas Pesek, Kenny était parti en pole-position. Et plein d’espoir. Luttant pied à pied avec les meilleures machines officielles, Kenny prit un départ prudent mais néanmoins efficace puisqu’il navigua constamment entre la première et la troisième place… Jusqu’à la chute ! En effet, suite à un problème sur le train arrière, la moto était devenue impossible à piloter. La chute, sans trop de bobo pour le pilote, occasionna des dégâts au moteur et plus tard dans la nuit, l’abandon officiel était annoncé par le team Penz 13. D’autant plus dommage pour Kenny, toujours en quête d’une victoire scratch aux 24 Heures du Mans, que la BMW et le team avait tous les atouts pour viser la gagne… Gageons qu’il aura à cœur de prendre sa revanche en Superbike à Nogaro.